Je perçois parfois cette ombre improbable qui effleure ma solitude. Comme un poème, l'écho d'un chant, dont les mots désormais, auraient quitté le papier et fuient la voix. Devenue si fragile, si infime et secrète que l'écho mortifère et nauséeux d'un souffle finissant, pourrait la mener doucement au silence des poussières. Mots morts des pierres que les herbes sauvages et folles recouvrent. Au-delà des grilles sentencieuses des cimetières.
Les portes improbables ouvrent alors au nouveau soleil.
Je marche ainsi au long du lac. Le soir s'en vient lentement. Il chuchotte infiniment au coeur des marais. Au fil souple de la brise d'été qui rafraîchit le ciel tranquille et serein de la fin du jour. Les oiseaux s'en vont et viennent à leurs affaires. Tout bruisse et s'agite à la nuit qui s'annonce. Mes pas dispercent quelques insectes qui s'en reviendront bientôt à leurs repas.
Je cherche toujours mes mots. Je n'écris jamais que par obligation. Sans doute est-ce ainsi aussi que je te retrouve. Bien plus loin que l'étang. Fut-il choisi. Ou peut-être seulement subi. La chose est moins grande. Les effluves du désir construisent les abîmes de l'âme et l'errance des corps perdus.
Je cherche toujours mes mots. Ils ne s'en viennent jamais que par nécessité. Sans doute est-ce aussi ainsi que je subsiste. Au-delà de cet ennui qui trompe la vie. Qu'est-il d'autre, enfin, que la tiédeur attendue de ce soir. Ton pas léger qui fait craquer la terre trop sèche. Et comme une flute au loin qui murmure et se perd au crépuscule.
L'élan des citadelles qui touche au ciel. Jadis, c'était il y a bien longtemps, les musées te tenaient. Derrière leurs larges vitres tes rêves s'ennuyaient. Quelques badauds dominicaux, égarés et sans inspiration passaient devant toi sans te voir. C'est bien ainsi que les muses se meurent.