Un petit extrait du catalogue de l'exposition. Un article d'Evelyne Artaud. A qui nous devons la très belle exposition à l'Espace Saint-Jean, au coeur des années 90.
"A l'heure même où nous sommes confrontés à la toute-puissance dérisoire de l'acte terroriste, ne conviendrait-il pas de reposer cette question des formes que prend cette visibilité, lorsqu'elle se trouve aliénée dans cette indistinction entre réel et symbolique par leur télescopage dans et par l'image, la représentation, la médiatisation immédiate et mondiale de tout évènnement ? Il ne s'agirait plus ici de deux forces contraires en état de guerre, mais de l'épreuve de la fulgurance d'une catastrophe lorsque ces deux pulsions mêlées de vie et de mort se retrouvent au coeur de l'événement, au centre de toute existence. Le noeud de la terreur est là dans la fascination qu'exerce en nous cette part d'ombre et qui non seulement ne nous est pas étrangère, mais travaille l'intelligibilité même de notre perception et du sens à donner à notre vie. L'angoisse que ne manque pas d'accompagner cette situation nouvelle de la pensée de notre temps par cette cessation de sens qui n'est pas celle d'une perte, mais la vertigineuse conscience d'une vérité qui surgit de cette cessation même. C'est bien à cette conscience d'une ultime séparation que nous ouvre cette oeuvre en nous conviant à ce partage de l'idée de notre finitude qui ne serait pas une fin, mais au contraire une impossibilité de conclure, un inachèvement laissant ouvert le champ d'une forme plurielle et infinie de celle-ci. Penser la mort aujourd'hui, n'est ce pas penser cet écart vital que le mouvement de la pensée creuse en acte ? Et ce dédoublement de la pensée, n'est-ce pas en effet le mouvement consitutif et constant de l'expérience contemporaine de l'art comme celle de l'expérience d'une vertigineuse et nouvelle liberté ? Celle de l'incroyable pouvoir que s'est donné l'homme d'aujourd'hui pour détruire toute vie, celle de la terreur de cette puissance même, celle de l'ouverture d'une responsabilité totale de l'humanité face à elle-même ?
Si une clarté naît de la nuit et surgit des ténêbres, elle sera celle ici de cette lumière enivrante de la nécessité qui, dans l'oeuvre de Vladimir Velickovic, s'allume dans le chant de toute vraie tragédie, et s'affirme non pas comme acceptation et résignation, mais dans l'enthousiame, l'énergie, le dépassement, la lutte, la résistance par lesquels la vie nous porte et nous élève à la puissance du Non, dans un mouvement de dignité."
Evelyne Artaud
........
J'ai envie de dire, simplement, que l'homme n'existe que par lui-même. Il est totalement, uniquement, et pauvrement maître de son avenir. De sa pérénité. Il se doit cette vérité. Finalement sa responsabilité. Unique. Et quelque peu terrible. Massacrer les autres, détruire les espaces de vie, polluer son environnement, esclaver ses semblables, construire, édifier les différences, vouloir le pouvoir, vouloir la puissance ... l'Histoire garde en mémoire les traces sanglantes et tout autant absurdes de cette ignorante volonté. Tant stérile.
Le peintre a jeté sur les toiles cette enivrante et destructrice aventure de l'obscur. Le pouvoir ne peut être que de l'obscur car il ne construit en lui que sa propre image.
Mais malgré les corbeaux, les gibets et les crânes, les têtes abandonnée du corps et le rouge flamboyant de la guerre éteinte ... je continue de croire en cet Homme encore irsute, isssu des fonderies primaires, bien peu sorti des grottes carverneuses, et du feu des ténèbres, mais qui a en lui la volonté du bonheur.