Il fut des temps où des femmes et des hommes - aussi, se battaient pour quelque morceau de pain. Un peu de charbon pour le berceau des enfants. Certains allaient sur la mer. Et n'en revenaient pas. Qui n'est pas sans m'évoquer le magnifique poème et la mélodie plus belle encore de Fauré ...
Juste le droit de survivre. Juste le droit d'être et de goûter au bonheur d'être, avec les êtres aimés. Juste le droit de vivre un peu. Si peu parfois.
Aujourd'hui nous n'en sommes plus là ! Et heureusement ! Le progrès social, même s'il ne ressemble en rien au progrès de la technologie, nous offre la possibilité de vies plus agréables et plus culturelles. Pour tous. Parce que sans culture, il n'est pas de progrès.
Nous avons en nos temps troubles d'aujourd'hui d'autres problématiques à solutionner. Mais il semblerait que des échos lointains de luttes anciennes veulent ériger en idées des petits fonds de commerce. C'est bien triste tout ça. Pas bien grand. Assez misérable. En fait. Ah ... Les Misérables. Le grand livre du poète. Il avait autre chose à vous dire Messieurs des Misères. Je crois que c'était le titre initial du grand livre. La Misère. Mais Victor Hugo, est ce que cela parle aux brûleurs de pneux ?
Il y a, au cimetière du Père-Lachaise, aux environs de la fosse commune, loin du quartier élégant de cette ville des sépulcres, loin de tous ces tombeaux de fantaisie qui étalent en présence de l'éternité les hideuses modes de la mort, dans un angle désert, le long d'un vieux mur, sous un grand if auquel grimpent les liserons, parmi les chiendents et les mousses, une pierre. Cette pierre n'est pas plus exempte que les autres des lèpres du temps, de la moisissure, du lichen, et des fientes d'oiseaux. L'eau la verdit, l'air la noircit. Elle n'est voisine d'aucun sentier, et l'on n'aime pas aller de ce côté-là, parce que l'herbe est haute et qu'on a tout de suite les pieds mouillés. Quand il y a un peu de soleil, les lézards y viennent. Il y a, tout autour, un frémissement de folles avoines. Au printemps, les fauvettes chantent dans l'arbre.
Cette pierre est toute nue. On n'a songé en la taillant qu'au nécessaire de la tombe, et l'on n'a pris d'autre soin que de faire cette pierre assez longue et assez étroite pour couvrir un homme.
On n'y lit aucun nom.
Seulement, voilà de cela bien des années déjà, une main y a écrit au crayon ces quatre vers qui sont devenus peu à peu illisibles sous la pluie et la poussière et qui probablement sont aujourd'hui effacés :
Il dort. Quoique le sort fût pour lui bien étrange,
Il vivait. Il mourut quand il n'eut plus son ange ;
La chose simplement d'elle-même arriva,
Comme la nuit se fait lorsque le jour s'en va.
C'est sur, Hugo et la poésie, c'est autre chose. On ne fait pas avancer le monde avec des idées anciennes et l'obstination abrutie du passé.
C'est bien. Empécher des gens normaux d'aller travailler pour notre Pays. Cela fera le bonheur des autres. Nos voisins de l'Europe. Et le malheur des petits, ceux qui vivent difficilement d'un travail aimé, et de compétences reconnues. Tout cela est minable. Et n'a aucune grandeur. Aucune dimension.
Quelle vision de l'avenir. Quel horizon du Bonheur.
Le poète disait "Le Bonheur et rien d'autre".
Il est aisé de manoeuvrer les "pauvres" et les banis. Sauf que pour l'heure il ne s'agit pas d'eux. Les pauvres et les banis ne brûlent pas les pneux et ne renient pas aux autres le droit au travail et surtout, le droit à la Liberté.
Parce que vous, petits sanglés des temps anciens, affligeants et presque pathétiques dans vos postures trop apprises, vous ne nous offrez rien. Rien. Vous n'êtes que dans un combat d'un autre temps. Vous vous trompez d'Epoque. Et peut-être même, de civilisation.
Je vous rassure néanmoins. Je suis un "culturel", un homme qui dans son travail du jour, au quotidien, affirme la nécessité d'un service public de l'art. Et de la culture.
Car comme disait le Philosophe : Nous avons l'art pour ne pas mourir de la Vérité.