Il y a un an, le dimanche 28 février au matin, nous retrouvions Rouquinette, étendue, morte sous sa cabane. Le vent soufflait encore bien fort, balayant la campagne berrichonne de son souffle haletant et charriant les gros nuages gris de notre tristesse. Rouqui fut portée en terre de son territoire et accompagnée par bien plus de vivants que Mozart n'en eut près de lui pour atteindre la fosse commune. Même Iris, le chat noir et blanc de Christèle et qui pourtant n'aimait pas toujours la Rouquinette quand elle venait à explorer son assiette à croquettes, même Iris était là, et suivait comme attentif, assis, que sa bonne terre du Boischaut la recouvre. Margaux était là aussi, et déposa quelques fleurs. Et le vent qui s'appaisait peu à peu emmena sans doute l'âme rousse de ma griffue - comme dit Flo - au paradis des chats. Bien peu de chats sans doute ont le privilège de reposer ainsi auprès de leur "chéri". Notre bon tigré, peut-être le papa de celle dont je parle plus loin...
La vie ne saurait s'arrêter à la mort. Rouquinette a eu des petits durant ces trop courtes années d'existence. Nous en connaissions au moins certains.
Chaussette, née en 2008 et qui a passé ses premiers mois au pied de la maison, a été adoptée mais depuis cet automne elle apprécie bien de nous rendre visite et de s'installer. Le canapé, la chambre de Margaux - comme le faisait sa mère - le divan du bureau... elle aime aussi explorer le train miniature, posant légèrement ses petites pattes entre les locomotives et autres voitures ou wagons. C'est une curieuse, qui a un faible pour les gateaux du dimanche...
Chaussette et Rouquinette, été 2008. La Celle
Voici quelques photos de Chaussette, qui la semaine dernière et de bon matin, m'a rapporté fièrement - pour le petit déjeuner sans doute - une pauvre petite souris qu'elle déposa en gloussant sous ma chaise. Naturellement... je ne l'ai pas mangée, la souris! Et Chaussette a été s'en occuper dehors... Ces petits félins ne perdent jamais leur instinct de chasseurs émérites et nous apportent parfois ainsi quelques trophés, sans doute en reconnaissance de l'affection que nous leur portons. Et de celle qu'ils nous portent aussi. Affection, il va sans dire, extrèmement corrolaire des croquettes ou autres petits plats cuisinés qu'ils apprécient bien! Mais pas que...
Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux ;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d'agate.
Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s'enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,
Je vois ma femme en esprit. Son regard,
Comme le tien, aimable bête,
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,
Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum,
Nagent autour de son corps brun.
Charles Baudelaire
dans la chambre de Margaux Chaussette me tenant compagnie durant ma séance quotidienne de vélo
J'ai toujours aimé les chats. J'aime leur fierté et leur indépendance natives, leur grâce et leur démarche ondulante, leur proximité avec les humains, mais toujours distanciée. J'aime leur mystère inquiet, et ce regard profond, qui nous captive et nous porte sereinement au pays de l' Ailleurs.
Et pardon pour nos toutous, que j'aime aussi très fort, mais...
"Si je préfère les chats aux chiens, c'est parce qu'il n'y a pas de chat policier"
disait Jean Cocteau.