L’Homme,
tel qu’en lui-même
livré aux chiens de Mort
Tel qu’en ta condition de bête
l’Homme,
agglutiné aux gibets de Vie
pendant à la corne d’Abondance
l’Homme,
à l’origine encore sanguinolent d’Amour
expurgé du silence
à l’orifice du jour
comme en aube des peurs originelles
vieillesse qui s’enveloppe la peau dégoulinante
de ton monde sans joie, Homme
tout en stèles érigées vidées des Passions
tendues vers la croix des Résurrections.
Mais, toutes les vies ont la même crainte
et l’oubli en amertume
Mais, tous les archéologues ont la même folie
et la mémoire en abstinence
et le grattoir flanqué entre terre et ciel
à la poursuite des nuages
A ras-de-terre, le rat court sur le chemin des délices
à perte de sang
rongeant sa vérité toute nue au long des pages
du Grand-Livre.
La nuit grimace grise accrochée au crochet des douleurs
vieillard la nuit grise, et encore.
Juste un trait de lumière, vieillard, juste
comme le sexe entre/vu/e - en pente douce
à l’ombre du ventre tendre,
arrondi aux confins de l’espérance
comme en coin, d’une larme - d’enfant.
© Michel BERTHELOT - Le 7 septembre 1996
Ce texte a été écrit pour le peintre Vladimir Velikovic, à l'occasion de son exposition à l'Espace St-Jean, à Melun en 1996
Ecrire la pluie
Une journée sans fin ni début
Qui a juste la force de passer entre ses heures.
L’ombre du jour
Une aube qui ternit d’ennui et de tristesse
Les chemins que l’on connaît s’ordonnent indifférents
Au malheur qui passe.
Le ciel a juste le regard blanc que l’on jette
Sur les choses mortes.
Alors,
prendre la force de l’Essentiel
de ce qui est écrit dans le ventre de la terre
depuis l’Aube d’Eternité.
Boire à la source inaltérable du livre des Tempêtes
car l’orage dénoue les liens de Vérité.
Début années 90
Solitude de la pluie
L’argent s’éveille est rampe dans le caniveau
Au loin la voix grandit la pâleur du matin
Sa main pose le temps à l’orée du Ciel
Le coeur s’accroche à la lumière
L’aube passe
Les hommes de la nuit ne regardent plus la mort
J’apprends dans ma main le chemin du souvenir
Et le bonheur est bon
D’une ville retrouvée dans la couleur mouillée
du plaisir qui te ressemble
J’apprends à écrire la solitude des mots
Qui ne sont plus
J’apprends à jouir d’un désir oublié
Prière d’un corps d’enfant déposé au parvis
De l’ennui
Que font les heures tristes de l’automne
18 novembre 1991
Le chant de la nuit
Tisse
En sommeil
La lumière des jours anciens
Mémoire éperdue qui s’élançait à l’attente
L’idée essaime
L’écriture du livre (en définitive)
Où les mots passent à l’ombre du tendu
Arborescence qui s’élance en accroc contre l’inutile retour
Engloutissant les vestiges de muétitude
Le chant de la nuit
Eparpille les vieilles pierres à l’aube de lune
Qui marche au-dessus des futaies
Les yeux de la nuit
Portent en intérieur le regard des choses
Posées à l’orée de l’été
Le marcheur s’avance
Et les blés verts sui lui se referment
Engendrant le pain à venir
Début années 90
De ces grains de silence
Qui glissent à l’extrême de ton cou
Je garde l’Essentiel
Une page blanche
Telle une ombre qui passe
A l’aubes des mots tus
Un regard juste posé
Sur la ligne grisâtre de l’Orient
Et le sifflement lointain du vent
Sue les ailes de la passion
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Mon temps
S’accroche à ta lumière
Et mes mots te cherchent
Au-delà des symboles
Je te voudrai confiante
Libre de tout danger
Sereine à l’avenir
Nue de toute mémoire
Offerte au vent des sons
Comme une Isle
D’or
Début années 90
AVERTISSEMENT
Ce livre aura cent douze pages constituées
d’une seule phrase
et incluant six visions transitives qui ne seront pas
numérotées
mais imprimées de typographie différente
et puis
également trois planches
imprimées en page de gauche
et chaque page du déroulement
comprendra soixante douze lettres signes ou espaces
et cinquante lignes ou espaces
comptés verticalement
La phrase fait l’objet d’une construction thématique
qui fera apparaître
cinq identités
se conformant au schéma exposé page suivante
Fin années 70