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Quelques lourdes gouttes qui s'écrasent sur les toits brûlants. D'en face. Autour. Orages lointains. L'air cuisant ne s'en rafraîchit pas. Dans la pénombre des volets clos le souffle atténué de la ville d'été.

La gare est tout près. On entend le jingle de la société nationale et le roulement désormais plus léger des trains à grande vitesse qui s'immobilisent aux quais. Les annonces de l'hôtesse. Parfois les mots en viennent à se faire comprendre. La proximité des gares me rassure. Savoir le train proche me laisse l'éventualité simple de pouvoir partir très vite. C'est comme dans une salle de cinéma. Près de la sortie ou du moins de l'issue de secours. Celle qui est indiquée d'un pictogramme à l'homme. Afin que la langue ne soit pas un obstacle à une évacuation précipitée dans la bonne direction. 

La sortie c'est toujours la bonne direction. On entre que pour sortir. Comme la vie. On vient. On naît. Pour partir. Pour mourir.

Et après? Les momies parlent aux momies. 

La pelle du fossoyeur. Enterrer les idées trop gardées. Les amours refoulées. Rentrées. Reniées.

En finir avec l'espérance.

Parler aux étoiles. Dialoguer simplement avec le rien. Ou le Tout. Même le Grand Tout. Celui dont tout le monde parle mais ne connaît pas. C'est le moment de faire connaissance. Une relation durable.

La seule de notre vie en somme.

 

Dans chaque goutte il doit y avoir un peu de tes larmes. Trop séchées par le soleil et le vent du désert. Il vient quelquefois s'évanouir ici et plus haut. Il se perd dans les âmes errantes et les yeux des femmes. 

Les femmes ont parfois des yeux qui ont trop pleuré. Il n'y a que le vent pour en faire s'envoler les marques de la tristesse.

 

Tu t'appelles Judith. Je te rejoins au bout de cette nuit d'autorail. Je m'assieds près de toi. Tu allumes une cigarette que tu as sortie de ton très petit sac à main.  Les volutes enlacent ton visage aux yeux qui ne regardent nulle part. Ton regard erre sans se fixer.

La nuit n'était-elle pas assez claire pour ton bonheur enfumé?.. La nuit de l'autorail. Du vieil X 3800 aux peintures écaillées, à la coque rouillée. Garé en bout de civilisation. Momie du rail et des rêves d'enfant.  

Les autorails ont perdu la voie.

J'ai perdu ta voix en flanc de butoir, quelque part où jamais plus personne ne s'égare. Les anciennes tôles y pourrissent, bouffées d'érosion et d'abandon.

On te retrouvera un jour. Momifiée. A moins que des chiens agressifs et affamés ne t'aient prise pour un mouton.

 

Tag(s) : #Notre écriture
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