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Les noirs et lourds nuages pèsent sur la terre, Berthe. Le ciel est chargé de sombres pressentiments. Ce jour n'est pas un jour Berthe, il est comme la nuit, comme la nuit d'ébène, Berthe, comme la plume du corbeau. Le besoin de mettre terme à ce chemin de souffrance prend place. Il n'y a pas d'avenir, il n'y a plus d'en-vie. La tristesse ronge le corps et tisse la toile prédatrice dans l'esprit. Au loin, les forêts prennent l'air doré de l'automne, quel bonheur pour celui qui est heureux, Berthe. Quel bonheur serait pour moi de parcourir lentement, respirant fort, les sentiers craquants sous les pas. Mais mon temps n'est plus ainsi, Berthe. Mon temps est celui de la solitude et de la douleur, mon temps est celui de l'éloignement, du silence, de la mort. Même les mots, Berthe, même les mots ne viennent plus sous les doigts. Les lettres se chevauchent, se détruisent et meurent avant même que le mot n'ait éclos. Je ne vois demain, Berthe, je ne vois demain que dans la disparition.
Il faudrait que l'ange, Berthe, il faudrait que l'ange me prenne la main, et me reconnaisse.


Je crois que l'ange m'a reconnu, Berthe. Au-delà de ses illuminations temporaires et furtives. L'ange connaît les siens et ne  sait  s'illusionner. Il ne sait confondre. Mais l'ange est figure accrochée au soleil, en fronton de l'édifice, son regard parfois dévie. Mais quand le soir  drape la ville et que le silence des vivants se fait, alors l'ange retrouve le regard et peut s'assoupir du repos du Juste. S'il n'en était ainsi, l'ange serait impur, et l'ange impur c'est le mal.

Tiroir de classe
Tiroir de classe...

Mais l'ange n'est jamais impur, Berthe, l'ange est au-delà du mal, l'ange est au-delà du bien , et du mal. L'ange est le guide, celui qui tient la main de celui qui se noie, celui qui croise le regard perdu du trop aveugle et lui donne la lumière. L'ange ne dit jamais de paroles vulgaires, l'ange n'écrit jamais de mots vidés. L'ange connaît la hauteur de l'Amour. L'ange dessine de vastes territoires, vivant de mille peuples.
Qui connaît l'ange, connaît la bienveillance.
Mon ange m'a inventé la vie,
" Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là, Simple et tranquille..."
Toi, Berthe, qui fit venir la vie du lointain du Désert, tu sais les mots, les caresses et les silences, les sommeils et les aubes qui font l' Amour.
Ton Temps, Berthe, est venu. Toi, la mère.




Tag(s) : #Le blog deBerthe
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