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L'amour
Décline le temps
Ouvre le silence des amants
Et tourne le futur
À l'envers de la mémoire
Par delà l'épaisseur du mal à fuir

Le soir s'accroche à ta peau
Et baigne la ville
Étrangère
Tu vas et viens dans ce monde esseulé
Bouffi d'ennui
Parsemé d'espérances
Bariolé d'errances vaines

Le son plonge dans le corps
Et touche à la corde d'éternité
Et l'onde remonte à la tempe
Souffrir d'intelligence
Et fouille dans le ventre
Là où la couleur s'embrume
Où la chaleur distant la certitude
Quand l'éto-nnance s'enracine
Et jouit de vérité

De longues nappes s'éffilochent
Sous le jour qui languit
Et le brouillard parsème les corps lourds
L'ombre se dépose
En crépuscule et caresse les troncs tendus


Je vois cette nuit qui marche et son au- delà de certitude, enveloppé de lumière bleue, immuable, qui résonne parmi l'éphémère. J'avance vers cette ombre qui me prête et s'enveloppe  de  moi  pour  me germer la force de basculer.  Le Temps bat, dans une palpitation qui déjà s'échappe de la terre. Il flotte dans l'air maculé d'inutile, comme en écho à l'aspirance, quelques milliers d'étoiles, constellations de l'espérance que ma main qui se referme arrache au passé. Au bout de la folie, une aube mélancolique et tendre comme un chocolat qui fond doucement dans la bouche d'amertume. Les yeux plus loin que l'envol des oiseaux de nuit perchés sur la neige endolorie d'une plaine que la nostalgie enfonce de son pas lourd. L'alternance joue entre les longs fuseaux des troncs anciens que l'histoire a lacérés de ses ongles de coeur, de douleur et de plaisir, pour enfouir  dans  la  chair  brune  et Résineuse les traces des hommes que nous portions, comme en ne sachant pas que la vie se nourrit d'un amour qui ne peut pas être faux car il s'écrit en vérité. Et le mot ne peut mentir car il est l'éternel et nous l'avons pris en conscience.


J'ai mal à un monde tendre et lumière qui s'éclabousse aux croisés de la vie. Les silences déchirent les mots et les portées du hasard et de nécessité exécutent un chant qui pleure à l'aube des vitrines de la civilisation. Les chantiers se couvrent d'avenirs écorchés et les charniers de l'abandon charrient la jeunesse en sépultures hâtives qui stupides vont s'agiter aux frontières des néons emblématiques. Dans les chemins de la nuit voltigent sans répit les spectres d'espérance. Le rêve s'accroche aux morts de l'oubli comme un avenir aux hommes de volonté tel un enfant que ton ventre va nourrir.

J'ai cru connaître la lumière
Et je me suis brûlé au feu du ciel
Faiblesse d'humain
Ou vérité plus profonde encore...
Le temps écrira la mémoire du futur
Mon offrande au silence
Et la sérénité de l'immobile

Passer à côté de la vie
Ne fut pas un choix
Mais la destinée de l'errance
Le verbe s'efface et la solitude...

L'aube s'est refermée sur le sentier baigné
D'arborescences folles
La folie ordinaire accroche ses doigts crispés
À la pâleur laiteuse d'un jour ordinaire
L'écume du crépuscule esquisse la nuit vide

Mon rêve abandonné
En limite d'espérance
S'ensevelit posément d'ante-matière

Je voudrais voler bien au-delà des couleurs
M'envelopper des ailes du désir
Pour m'élancer par dessus l'éphémère délivrance
L'insupportable attente
Mais
Ma géométrie se casse aux ruptures de l'étal
Et mon ancre ne se jette plus
Au bon port


La mer !
Elle est belle la mer, je la regarde et mes yeux

Dans son écume tourbillonnante...


   
La musique écrit la nuit
Dans ma mémoire se promène une ombre blanche
Le monde est silence
Mais il y a mon coeur qui bat
Et qui tourne sans cesse
Dans ma tête

Je pense à un rêve bleu comme la nuit d'hiver
Et je sens le froid perçant qui me serre aux épaules
Je voudrais déposer une vie
À l'aube de l'imaginaire
Et parcourir du bout de mes mots
La lumière imperturbable de ta foi

Bien plus loin dans le lointain du ciel
Un avion passe
Et son chant sourd emporte mon sommeil
Au dessus de ton sommeil

Dans la moiteur pâteuse
De juillet
Et je m'endors pour retrouver un souffle, près de moi.


Un jour je lui dirai
En tenant ses doigts pressés dans ma paume de sable,
Je lui dirai
Que l'aube vient de poser sur la nuit écorchée son manteau de brume échevelée,
Un jour je lui dirai
Fouillant ses yeux de mes mots humides,

Je lui dirai
Que le soir qui  s'enlace au silence du crépuscule recouvre la forêt et ouvre la terre
Un jour, je lui dirai
Qu'il n'y a plus de sentier de retour et ma bouche prendra sa bouche pour le temps retourné

Et je lui dirai 
Maintenant il n'y a plus de déchirure
Le coeur ne saignera plus et la voile peut se gonfler, et la corde peut se tendre,
Et nous écouterons nos pas marcher en nous


Michel BERTHELOT - Janvier 2003















Tag(s) : #Feuillets de l'après
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