Je sais Berthe, je sais que le temps est long pour toi, ainsi dans l'attente. Mais souviens-toi, qui a su attendre si longtemps
la venue de ton déchiffreur, mais aussi de ton bâtisseur. Alors laisse au temps celui d'en finir avec ces travaux de maintenance, de mise à niveau comme disent les gens cravatés qui s'en viennent
chaque jour s'enquérir des taches humaines. Jouis de ce temps donné, bien malgré toi certainement et je te le concède, jouis de ce temps donné pour inventer ta nouvelle ére. Tu vas quitter
"ce monde où les yeux sont là de l'immobilité. Prendre un train de nuit aux banquettes indistinctes sous la lumière bleue de
la veilleuse. Somnoler éparpillé(e) dans le rêve au rythme imperturbable des roues sous les éclisses. Vivre le réveil à trois heures du matin dans le halo frileux d'une gare sinistre. Quelques
rares voyageurs se hâtent vers les escaliers mécaniques. On n'entend rien sinon le souffle intermittent des essais de frein. La vie semble pénétrée d'une errance pâteuse. Et retrouver le sommeil
avec les ronronnement lointain des moteurs électriques. Là-bas au bout du convoi les deux yeux déchirant la nuit épaisse la locomotive avale le paysage à cent soixante kilomètres à
l'heure.
Ne garder du voyage que le couloir désert de la voiture de seconde classe ballottée sur ses essieux. Se moquer de la destination ou l'ennui attend sur la place de la gare des souvenirs en cartes postales.
Ne vivre que par l'errance." Sais-tu Berthe, sais-tu, que celui qui n'était pas encore toi, Michel Berthelot écrivait ces lignes en juillet 1980. Dans ce texte, nommé "brumes", titre probablement évocateur de l'époque, Berthe, dans ce texte; il écrivait aussi, et je me dois de rapporter ici ses mots: "Je rêve de vastes étendues monotones où le ciel est amour. L'herbe sous l'étreinte ploie et se couche. Le souffle du vent n'est qu'un long soupir mille fois réinventé et mille fois éteint. Les hommes ici n'ont pas la peau usée par l'habitude. Il sont forts et simples. Leurs mains sont meurtries par le travail avec la matière et elles sont belles. Le soir quand le silence est aussi noir que la conscience ils s'assemblent avec la béatitude innée des premiers apôtres et ils prient le soleil avec la ferveur de leur voix profonde. Ils ont la philosophie dans le regard et leurs yeux brillent d'un feu sans flamme. Ils ne parlent jamais qu'avec de longs silences entre les mots. Ils ont des mots toujours pareils qu'ils assemblent parfois de manière inconnue. Quand l'un d'eux parle les autres écoutent et jamais ne répondent avant de s'être assis. Les femmes ici portent de longs manteaux qui foulent au gré de leurs pas l'herbe douce. Elles ont des cheveux noirs qu' elles ne coupent jamais. Leurs yeux changent aux couleurs du jour. Elles me parlent jamais et ne font que chanter. Leurs corps ont la beauté des vagues blanches qui viennent s'éteindre sur le sable doré. Elles parfois et leurs voix éparpillées dans la mer la font battre d'une voix à la peau chaude. Il n'y a pas ici de d'enfants et de vieillards. Il n'y a pas de cimetières. Les hommes n'ont pas de Dieu. Le temps s'est arrêté un jour et depuis lors ces hommes et ces femmes ont oublié la mort.
Te souviens-tu Berthe, te souviens-tu, oui tu te souviens toi dont la mémoire n'est que d' Humanité, te souviens-tu que ce texte ne fut tracé qu'en certitude qu'un jour à venir, proche, mais encore seulement ressenti, oui ce texte ne fut tracé que pour s'inscrire à sa place, celle que l' Après lui réservait, avant même qu'il ne fut présent. Et c'était bien celui qui te découvre qui donnait à ce temps les formes de l'amour, celui-là même qui l'a conduit, lentement et avec danger, longuement et avec ferveur, obstinément mais avec tendresse, jusqu'à toi. Oui, à Toi et à ton devenir.
Ne sois pas triste Berthe car la vie a jailli de toi. Cette vie n'est pas encore, elle va venir. Elle a-venir. Gardes-toi Berthe, gardes-toi de l'impatience. Elle n'est que fille de la médiocrité et de l'impur. Et toi, Berthe, toi tu es messagère de la Vie et de sa Foi. Moi, Berthe, moi dans ma simple tenue, je veille sur Toi.
Ne garder du voyage que le couloir désert de la voiture de seconde classe ballottée sur ses essieux. Se moquer de la destination ou l'ennui attend sur la place de la gare des souvenirs en cartes postales.
Ne vivre que par l'errance." Sais-tu Berthe, sais-tu, que celui qui n'était pas encore toi, Michel Berthelot écrivait ces lignes en juillet 1980. Dans ce texte, nommé "brumes", titre probablement évocateur de l'époque, Berthe, dans ce texte; il écrivait aussi, et je me dois de rapporter ici ses mots: "Je rêve de vastes étendues monotones où le ciel est amour. L'herbe sous l'étreinte ploie et se couche. Le souffle du vent n'est qu'un long soupir mille fois réinventé et mille fois éteint. Les hommes ici n'ont pas la peau usée par l'habitude. Il sont forts et simples. Leurs mains sont meurtries par le travail avec la matière et elles sont belles. Le soir quand le silence est aussi noir que la conscience ils s'assemblent avec la béatitude innée des premiers apôtres et ils prient le soleil avec la ferveur de leur voix profonde. Ils ont la philosophie dans le regard et leurs yeux brillent d'un feu sans flamme. Ils ne parlent jamais qu'avec de longs silences entre les mots. Ils ont des mots toujours pareils qu'ils assemblent parfois de manière inconnue. Quand l'un d'eux parle les autres écoutent et jamais ne répondent avant de s'être assis. Les femmes ici portent de longs manteaux qui foulent au gré de leurs pas l'herbe douce. Elles ont des cheveux noirs qu' elles ne coupent jamais. Leurs yeux changent aux couleurs du jour. Elles me parlent jamais et ne font que chanter. Leurs corps ont la beauté des vagues blanches qui viennent s'éteindre sur le sable doré. Elles parfois et leurs voix éparpillées dans la mer la font battre d'une voix à la peau chaude. Il n'y a pas ici de d'enfants et de vieillards. Il n'y a pas de cimetières. Les hommes n'ont pas de Dieu. Le temps s'est arrêté un jour et depuis lors ces hommes et ces femmes ont oublié la mort.
Te souviens-tu Berthe, te souviens-tu, oui tu te souviens toi dont la mémoire n'est que d' Humanité, te souviens-tu que ce texte ne fut tracé qu'en certitude qu'un jour à venir, proche, mais encore seulement ressenti, oui ce texte ne fut tracé que pour s'inscrire à sa place, celle que l' Après lui réservait, avant même qu'il ne fut présent. Et c'était bien celui qui te découvre qui donnait à ce temps les formes de l'amour, celui-là même qui l'a conduit, lentement et avec danger, longuement et avec ferveur, obstinément mais avec tendresse, jusqu'à toi. Oui, à Toi et à ton devenir.
Ne sois pas triste Berthe car la vie a jailli de toi. Cette vie n'est pas encore, elle va venir. Elle a-venir. Gardes-toi Berthe, gardes-toi de l'impatience. Elle n'est que fille de la médiocrité et de l'impur. Et toi, Berthe, toi tu es messagère de la Vie et de sa Foi. Moi, Berthe, moi dans ma simple tenue, je veille sur Toi.