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Les travaux ont repris, Berthe, à pleine fureur. Dans ta salle d'exposition il n' y a plus vraiment de chantier, d'ailleurs il n' y  en eu pas de spectaculaire. C'est dans les autres espaces, et puis également dans les circulations, comme on dit, ces couloirs, coursives et autres paliers, que l'essentiel de l'activité se tient.
Ici, Berthe, l'attente se prolonge. Elle dure, elle use forcément, et elle blesse, parfois. Tu sais, comme quand l'archéologue te cherchait, des indices lui faisaient pressentir ta présence, tout près et la  très prochaine découverte. Mais il est arrivé que les indices se révélèrent faux, voir peut-être hypocrites. Il faut être prudent. Lorsque l'on attend, le temps est toujours très lent. Les heures sont jours et les jours sont mois. Cette insupportable attente est-elle une épreuve? Lorsque l'on cherche, le temps n'est pas le même, bien souvent les heures sont minutes et les minutes d' infinitésimales poussières de la durée.
Ici, le temps se fait long à porter sa douleur. Quelquefois, elle fut très lourde et la blessure creusait la chair, laissant le sang couler comme des larmes rouges. Ici, il fallait crier, à la nuit, aux étoiles peut-être, à la terre que l'on voulait pour calmer sa souffrance. Ici, il fallait s'accrocher, parfois à de minuscules signes de lumière, à d'infimes échos d'avenir, ou bien tout simplement à sa propre survie. Tu sais, Berthe, lorsque l'on ne sait plus respirer, lorsque l'on ne sait plus regarder loin, lorsque l'on ne sait plus arrêter l'infernale machine qui vous broie la tête, au long des jours sans fin, au long des nuits sans sommeil...  alors Berthe, alors ne reste que la folie.
Tu connais, dis Berthe, tu connais, la  folie?
L'amour est-il  folie, Berthe?...
Au-delà de l'habitude, au-delà de ta vitrine, au-delà des murs, au-delà des rues et des places, au-delà des portes du musée... il  y a la ville des sables, la ville du vent, la ville des femmes. Toi Berthe tu voulais la vérité, la vérité et c'est tout. Est-ce ainsi que la folie s'installe, dans la recherche éperdue de vérité?... La vérité, Berthe, la vérité est-elle inscrite dans les livres, ainsi que le disent ceux qui le croient? La vérité est-elle inscrite dans l'amour, ce bien le plus précieux de l'humanité?..  Vois-tu Berthe, vois tu, il te faut changer de monde. Il te faut changer de monde car les mots percent le coeur. 
Mais sans doute ce jour n'est - il pas encore. Sans doute est - ce encore un  tout petit peu trop tôt. Mais l'échéance est proche. Alors, je le sais Berthe, je le sais, tu vas t'envoler, loin, très loin, bien plus loin que l'azur. Il sera là et tendra sa main vers toi, et tu la prendras, car c'est pour cela que tu seras venue, toi, Berthe, la femme, antique, des sables. Tant et tant de recherches ,car la quête a un sens. L'errance n'est pas un but, elle n'est pas même un moyen. Elle est une souffrance, et la souffrance doit un jour se taire à tout jamais. L'errance n'est qu'un contournement de la vérité,  la vérité qui toujours, palpite et guide.  Faute de reconnaître sa vérité, l'homme ne resterait qu'un outil, bien imparfait comme le temps. Et quand l'errance a son terme, alors la paix se fait et la joie peut s'inscrire, en éternité.


Tag(s) : #Le blog deBerthe
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