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Visite au Centre Pompidou 

 Metz  

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Malgré le temps qu'il fait,  peu estival, l'autoroute traverse de beaux paysages, lents tout d'abord et qui s'animent, peu à peu. La Champagne. Et puis on la quitte, après un petit café, solution liquide vaguement noire, rejetée par un automate aux flancs colorés.  C'est presque comme une sculpture de Ben.  Breuvage avalé avec peine, malgré tout, dans l'une de ces constructions qui rythment ces partitions bitumées de nos rêves. Justement, le rêve est pour bientôt.

Malgré la vitesse,  sérieusement réduite en raison de la visibilité très médiocre, on avance. Le regard capte quelque petit cimetière, accroché à un piètre monticule, aux croix blanches bien dressées sous la pluie fine. Des noms qui parlent de l'Histoire. Celle que l'on ne veut plus jamais écrire. Alors justement on file vers le rêve.

 

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La recherche, peu contraignante du lieu, nous conduit à quelques très brèves, errances en ville... Néanmoins tout est très bien fléché,  balisé.  Identifié.  Mais l'homme est parfois rêveur, et son attention s'envole vers d'autres soleils... juste quelques secondes. On en découvre  à peine un peu, trop peu, la Cité. Les avenues. Les lourds immeubles. Ils dégagent fortes personnalités, escaliers de velours et rambardes forgées. Ils imposent et tout autant nous convient à l'écoute d'un autre temps. Celui de l'âge d'or du fer et de l'acier.  Ces façades solennelles encore ne sont pas sans faire tinter en moi deux ou trois échos enfantins.

Quelque chose de la ville.

L'environnement du centre d'art est comme une installation. On le perçoit mieux d'en haut.  On se pose, avec inquiétude, quelques questions sur l'urbanisation probable  de ces no man's land... ils sont comme une respiration. Il serait dommage de la couper. Au sol on se ressent encore comme entre les mondes. Parfois nous parvient la courte mélodie, rauque et banale, du klaxon d'un tgv en partance. Ou en venue. La gare est toute proche. Avec son architecture si caractéristique. Imposante. C'est une chance pour l'art contemporain. Le petit dernier  n'est qu'à 80 minutes de son géniteur, aux tubes un peu fatigués certes, mais à l'esprit toujours vif.

On attend dans la file qui parfois se plie aux axes de circulation  temporaires des engins de transports collectifs, mais aussi individuels. Il est possible d'échanger, dans l'attente. Quelques mots, des soupirs parfois mais toujours légers, un regard. Les regards écrivent tant d'histoires, dans les rêves de ceux qui se les croisent.

La nef et les galeries [ 5000 m² dédiés aux cimaises pour près de 12000 m² de surface totale ] nous convient l'une après l'autre à un parcours qui témoigne avant tout de la richesse et du merveilleux de la création. L'émotion très souvent submerge. Comme lorsque nous nous asseyons devant les [ I, II, III ]"Bleus" (*) de Juan Miro.

Je n'ai pas fait de photographie des expositions, d'autres le font bien mieux que moi.

Nous demeurons ainsi, un temps, croisant parfois le regard d'autres assis, lorsque le besoin de s'éloigner quelques instant de la trop brûlante  lumière des rêves se fait obligé pour l’œil.

Vous y découvrirez de belles photographies et un large regard sur les centaines d’œuvres - chefs - d’œuvre -  présentées dans cette exposition inaugurale.

Il y a tant à voir, écouter, lire, regarder... après trois heures  trente de déambulations et d'émotions, souvent intenses,  l'évidence d'une deuxième venue s'impose, sans aucun doute... Le mieux probablement: arriver environ une heure avant l'ouverture des portes et commencer ainsi la visite au plus près des  11 heures, et puis aller déjeuner à mi-parcours. Mais pour l'heure, l'urgence n'était pas aux nourritures terrestres...

Il faut dire aussi l'architecture élégante et légère, ouverte, de l'écrin de nos rêves. Superbe. On s'y sent bien.

L'intimité des chefs - d’œuvre nous rappelle à l'humilité, mais aussi à l'espérance. La solitude, mais aussi la rencontre. Face à l'orchestre, peint par Staël en 1953, je laisse avec bonheur flirter avec la toile, les timbres et mélodies, les harmonies, du Marteau sans maître, écrit par Pierre Boulez en 1954. Et de lire, sur la cimaise à gauche de la peinture, le texte que le compositeur avait rédigé pour l'exposition de 2003 au Centre Pompidou, à Paris. 

La vie est faite ainsi, de fils qui se croisent et s'enfuient, de liens qui se nouent et se dénouent parfois, au gré des jours, bons et mauvais. Comme la belle toile de Pollock, présentée en galerie 2. Ou, pas bien loin, la grande peinture inextricable et rouge de Dubuffet. Rester longtemps aussi devant le quadriptyque de Soulages, avoir envie, finalement, de s'allonger dans le lit que Louise Bourgeois plante au cœur de PrecisousLiquids

Nous avons l'art pour ne pas mourir de la vérité, dit le philosophe.

 

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